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Votre emploi sera-t-il obsolète dans cinq ans ?

Les compétences dont vous disposez aujourd’hui auront-elles encore de la valeur demain ? L’essor fulgurant de l’intelligence artificielle dans notre quotidien, combiné aux effets inéluctables du changement climatique, annonce une profonde transformation du monde de l’entreprise. C’est ce que confirme notamment le rapport « Future of Jobs » du Forum économique mondial. Pour Nicholas Vijverman du Groupe du Vendredi et Jorie Soltic de la KU Leuven, cette double vague - numérisation et transition écologique - appelle des stratégies ambitieuses de formation tout au long de la vie. Or, l’OCDE souligne le manque de culture de l’apprentissage en Belgique, un constat inquiétant, car l’apprentissage continu est une clé de voûte pour la prospérité de notre société.

La numérisation poursuit sa marche inexorable

La première tendance qui bouleverse les entreprises est la démocratisation des outils numériques, avec ChatGPT comme exemple emblématique. Les innovations technologiques s’infiltrent de plus en plus dans nos vies personnelles et professionnelles. L’intelligence artificielle aurait un effet transformateur comparable voire supérieur à l’avènement d’internet. Si certains métiers traditionnels sont voués à disparaître - comme les assistants administratifs ou les caissiers - de nouvelles fonctions voient le jour. Sans surprise, les profils les plus recherchés à l’avenir seront les ingénieurs logiciels et les spécialistes de l’IA.

Le changement climatique concerne tout le monde

Alors que certaines entreprises semblent mettre de côté, à tort, leurs ambitions en matière de durabilité pour rester compétitives, on observe en parallèle une forte dynamique vers une transition verte, portée par les énergies renouvelables et les matériaux innovants. Les pouvoirs publics renforcent cette tendance avec des réglementations plus strictes, et les consommateurs prennent de plus en plus conscience de l’impact de leurs achats. Qu’une entreprise place ou non le développement durable au cœur de sa stratégie, elle devra faire face à un climat de plus en plus instable, qui provoquera des chocs de prix tout au long de la chaîne d’approvisionnement. Les entreprises qui anticipent ces changements en sortiront renforcées. Comme le résume bien une célèbre formule anglo-saxone : « There is no business on a dead planet »

Apprendre en continu pour relever les défis de demain

Pour les travailleurs, le besoin d’apprendre tout au long de la vie est plus pressant que jamais. La maîtrise des technologies devient une compétence incontournable. Cela ne signifie pas que chacun doit devenir programmeur ou créer ses propres modèles d’IA, mais il est essentiel de comprendre ces outils et de savoir les utiliser. À mesure que la technologie s’intègre dans toutes les fonctions, il est crucial d’apprendre à l’exploiter de manière efficace et responsable.

Par ailleurs, des compétences comme la pensée créative et l’adaptabilité prendront une importance croissante. Le défi climatique exige des réponses intelligentes et tournées vers l’avenir : développement de nouveaux modèles économiques, innovation en matière de matériaux, ou encore analyse des flux de matières premières à travers la chaîne de valeur.

Conjuguer l’offre et la demande de formations en Belgique

La culture de la formation en Belgique souffre de trois grands obstacles. D’abord, beaucoup de travailleurs ne perçoivent pas la nécessité de se former. Alors que des pays comme la Suède (59 %) et l’Estonie (52 %) approchent le taux de participation recommandé de 60 %, la Belgique stagne sous la barre des 25 %. Ensuite, l’accès aux formations est inégalement réparti. Les personnes de plus de 55 ans, les inactifs, les moins qualifiés et les personnes nées hors de l’UE participent bien moins souvent à des programmes de formation - alors qu’il s’agit justement d’un public clé pour relever le taux d’emploi. Résultat : trop peu de formations sont axées sur les compétences réellement porteuses sur le marché du travail.

Par exemple, les formations combinant intelligence artificielle et transition verte sont encore rares, alors que ces deux domaines deviennent de plus en plus interdépendants.

Vers une offre adaptée aux besoins futurs

Il est donc urgent d’adapter l’offre de formation en Belgique pour mieux répondre aux besoins réels du marché du travail. Il faut avoir le courage de se projeter dans l’avenir. Ainsi, le nouveau gouvernement flamand prévoit d’orienter le congé de formation flamand (VOV) vers les métiers en pénurie. Mais un métier en tension aujourd’hui peut devenir obsolète demain sous l’effet de mutations rapides. Qui aurait prédit, il y a trois ans, que les formations en programmation perdraient en attractivité en raison de l’émergence de l’IA générative ?

L’économie mondiale traverse l’une des plus grandes transformations industrielles de l’histoire, qualifiée de « révolution de la durabilité, avec l’ampleur de la révolution industrielle et la vitesse de la révolution numérique ». Le succès dépendra de la capacité des travailleurs, des entreprises et des gouvernements à s’adapter - et donc à faire de l’apprentissage permanent une priorité. C’est aussi un levier essentiel pour améliorer le taux d’emploi en Belgique. Le défi est clair : pour saisir le tournant de l’intelligence artificielle et la transition verte, il faut placer la formation continue au cœur de notre stratégie collective.