Social impact

Organisons la collaboration intergénérationnelle et interculturelle

Matthieu Le Grelle et Frédéric Simonart sont les co-fondateurs et administrateurs-délégués de Duo for a Job. THOMAS DERMINE est économiste, entrepreneur et membre du Groupe du Vendredi. Cet article est également paru le 7 octobre 2016 sur levif.be

Bénéficier des conseils d’une personne plus expérimentée peut se révéler un levier efficace pour trouver un chemin vers l’emploi. Surtout pour les jeunes. Le constat n’est ni neuf, ni original mais les méthodes que certaines organisations utilisent pour mettre ce concept en pratique le sont bien.

Prenez DUO for a JOB par exemple. L’intervention de l’organisation consiste à proposer un coaching interculturel et intergénérationnel pour favoriser l’insertion professionnelle : des jeunes demandeurs d’emploi d’origine étrangère sont associés avec des Belges plus âgés, qui leur servent de mentor. Xavier, par exemple, est un professionnel de la santé pensionné de 69 ans qui fait partie des mentors de DUO for a JOB. Il a eu l’occasion d’accompagner Ali, un infirmier de 26 ans originaire de la Bande de Gaza. La période de mentorat officielle dure une demi-année, à raison de deux heures de rencontre par semaine, mais certains participants développent des amitiés durables qui vont bien au-delà du programme.

Après 3 ans d’activité, ce sont près de 400 jeunes comme Ali qui ont été accompagnés et les résultats sont plus que prometteurs: endéans l’année qui suit la période de mentoring, plus d’un jeune sur deux trouve un emploi durable. C’est deux fois plus que pour des jeunes similaires qui n’auraient pas suivi le programme. Dans tous les cas, tous les témoignages récoltés jusqu’à présent démontrent que les mentors jouent un rôle crucial auprès de ces jeunes issus de la diversité en leur fournissant des contacts et des conseils qui leur permettent de mieux s’orienter sur le marché de l’emploi.

Les mentors qui participent à DUO for a JOB tirent également avantage du programme. Ils restent actifs et valorisent leurs acquis professionnels tout en contribuant à plus de cohésion sociale. Un avantage de ce programme est qu’il permet de tisser des liens sociaux entre des personnes de générations et de groupes sociaux différents qui sinon, n’interagiraient pas. Une contribution importante dans une société belge qui se polarise et est tentée par le réflexe identitaire.

Selon un rapport récent de la Commission européenne, parmi les 28 pays de l'Union européenne, la Belgique présente le deuxième écart d'emploi le plus important entre « autochtones » et résidents non européens. Dans certains quartiers de Bruxelles et d’autres grandes villes belges qui abritent de nombreux jeunes issus de l'immigration, le taux de chômage peut atteindre jusqu’à 60 ou 70 % (!). Ces quartiers sont devenus des terrains propices au désespoir économique ainsi qu’à l'aliénation socioculturelle. C’est pourquoi améliorer l'intégration socio-professionnelle de ces jeunes est donc devenu, un objectif politique de premier plan pour les responsables gouvernementaux belges.

Dans ce cadre, Actiris, l’agence Bruxelloise pour l’emploi s’est engagé à soutenir le programme de DUO for a JOB via les Contrats à Impact Social (CIS), un mécanisme novateur permettant le financement d’innovations sociales et qui constitue une première sur le continent européen. Au travers de ce mécanisme, des investisseurs sociaux ou crowd funders ont financé les débuts de DUO for a JOB. Si, au terme de la période de financement, le projet atteints les résultats prédéfinis, les investisseurs seront remboursés par Actiris avec un intérêt qui dépendra des objectifs atteints. S’ils ne le sont pas, le remboursement n’aura pas lieu.

Au vu de ces premiers résultats, DUO for a JOB a décidé d’étendre ses activités et s’est récemment installé à Liège. Il existe de réelles opportunités pour les acteurs de l’insertion professionnelle et de la cohésion sociale de répliquer leurs modèles au sein de villes wallonnes qui font face aux mêmes problématiques, comme à Liège et à Charleroi. Ceci permettrait de remettre le slogan “Wallonie, terre d’accueil” au gout du jour.