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Un marché du travail inclusif? Exit la mention M/F/X!

M/F/X, la récente manière d'indiquer le sexe ou le genre dans les offres d'emploi n'est pas satisfaisante. Le mieux serait de ne pas rien préciser puisque ce critère ne dit rien sur la capacité à bien exercer une fonction.

Sur le marché du travail, les discriminations fondées sur le sexe, l’âge, la religion, etc. sont interdites. Tout le monde bénéficie ainsi des mêmes chances d’obtenir un poste. Et pourtant, je vois souvent des offres d’emploi portant le titre: "Wanted: Project Manager (M, F, X) avec expérience". Le recruteur ou responsable RH souhaite ainsi indiquer que tout le monde peut poser sa candidature, quel que soit son sexe ou son genre. Mais dans ce cas, pourquoi énumérer toutes les possibilités en la matière? Ces caractéristiques influencent-elles la capacité à exercer une fonction?

La "faute" à Marvel

La fameuse lettre X. Personnellement, je la trouve dérangeante. Sans doute cette aversion me vient-elle de l’influence des bandes dessinées Marvel de mon enfance qui me font associer la lettre X aux mutants de la série X-men. Les X-men étaient des personnes dotées de 'pouvoirs" ou de "talents" uniques et donc craintes ou haïes par le commun des mortels. Toutefois, dans les offres d’emploi, le X renvoie au groupe d’individus non binaires qui ne se retrouvent pas dans les catégories binaires "homme ou femme" et se sentent mieux représentés par une autre identité de genre, voire pas de genre du tout. Ce groupe ne cesse de croître en Belgique, et il est donc logique d’élargir les options concernant le sexe pour que chacun se sente concerné ou interpellé. Mais ne faut-il dès lors pas remettre en question la nécessité même de connaître le sexe?

Enregistrement du sexe

Suite à un arrêt de la Cour constitutionnelle concernant la loi sur les personnes transgenres, le ministre Van Quickenborne (Open VLD) va faire examiner la possibilité d’introduire l’option X sur les documents d’identité, à côté de M ou F comme identifiant de genre. Seconde option: la suppression de l’enregistrement du sexe. Dans un monde où l’on vise en permanence l’égalité entre toutes les personnes, cela me semble être un choix logique. Tout comme l’on n’énumère pas l’éventail des possibilités en matière d’âge, de religion, ou de philosophie, et autres critères de discrimination possibles, la mention M/F/X devrait elle aussi disparaître.

Les chercheurs argumenteront que la connaissance du sexe est importante à des fins de statistiques. En tant que scientifique, je comprends bien sûr cet argument. Une piste pour répondre à ce besoin serait de demander aux personnes de s’enregistrer sur la base de leurs hormones sexuelles, lorsque cela s’avère nécessaire.

Intitulés de poste, inclusifs du point de vue du genre

Nous n’indiquons pas l’âge, la couleur de peau, la religion, la philosophie, etc. de futurs collaborateurs dans les titres d’offres d’emploi pour signaler que tout le monde est le bienvenu. Le fait qu’un employeur ressente le besoin d’insister sur son ouverture sur les questions de genre peut témoigner d’un autre problème: celui de veiller à tout prix, pour chaque entreprise ou organisation, à une communication soignée et inclusive. Mais ne risquons-nous pas alors, à terme, à voir fleurir des offres d’emploi du type "Wanted : Project Manager (XX, XY, XYY, XXY…) avec expérience"?

Nous visons, dans la mesure du possible, un langage neutre ou inclusif du point de vue du genre, notamment dans les intitulés de poste. La capacité à exercer correctement une fonction étant reflétée par les connaissances, talents et/ou l’expérience d’un individu et non par son sexe ou son genre, j’appelle à une suppression maximale de la mention M/F/X dans les titres d’offres d’emploi. Qui sait, le jour viendra peut-être où nous ne devrons plus jamais l’utiliser ni la rencontrer.