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Pour un nouveau multilatéralisme sur le climat

La COP27 s’ouvrira, le 6 novembre, dans un contexte de crises profondes. Celles-ci compliquent la collaboration internationale au moment même où celle-ci parait vitale. Le multilatéralisme reste le seul moyen de s'attaquer au problème mondial du changement climatique.

L'année dernière, lors de la COP26 à Glasgow, les règles d’application de l'Accord de Paris sur le climat ont enfin été finalisées. La tâche de la COP27 est de mettre en œuvre les engagements pris lors de la COP26. Des défis importants restent à relever dans ce domaine, car les engagements climatiques pris jusqu'à présent par les différents pays ne permettent toujours pas de maintenir le réchauffement de la planète en dessous de 1,5 °C.

La situation concernant la COP 15 sur la biodiversité, qui s’ouvrira à Montréal en décembre, est encore plus épineuse. Alors que la COP sur le changement climatique a dû être reportée d'un an ‘seulement’ en raison de la pandémie, celle sur la biodiversité n'a pu avoir lieu que 2 ans plus tard que prévu. L’objectif de cette COP15 était de fixer des objectifs pour cette décennie (2020 - 2030) concernant la limitation de la perte d'habitat pour les animaux et la limitation de l'extinction de la faune et de la flore.

Il est clair que des crises à répétition ont détourné l'attention et les priorités politiques d'importants objectifs à moyen et long terme, comme l'Accord de Paris sur le climat. Pourtant, il est plus que jamais nécessaire de prendre dès maintenant des mesures importantes en matière d’adaptation au changement climatique, de biodiversité et de financement climatique pour les pays en développement.

Malgré leurs disfonctionnements, les forums internationaux donnent corps à une forme de multilatéralisme qui offre les meilleures chances de parvenir à des solutions mondiales. Ces dernières années, les projections du réchauffement planétaire à long terme sont passées de 4 à 6 °C (avant la conclusion de l'Accord de Paris sur le climat) à environ 1,8 à 2,7 °C aujourd'hui, en supposant que nous tenions les promesses faites lors des sommets des Nations unies. Bien que ce chiffre soit supérieur à la limite de 1,5°C, il s'agit tout de même d'une belle prestation.

Si nous arrivons à coopérer au niveau international, nous pouvons donc vraiment espérer changer le monde et ce, en peu de temps. Le problème est que d'autres questions géopolitiques brûlantes entravent souvent cette coopération internationale. Le conflit entre la Russie et l'Ukraine, par exemple, a un impact sur la stratégie de lutte contre le changement climatique. L'année dernière, la Russie a ainsi opposé son veto à un projet de résolution au Conseil des Nations Unies qui demandait d’intégrer les risques de sécurité liés au climat en tant qu’élément central dans les stratégies globales de prévention des conflits.

Ce projet de résolution a toutefois ouvert une piste de réflexion intéressante. Supposons que la lutte contre le changement climatique fasse partie des tâches essentielles d’institutions internationales telles que l'ONU, le FMI et la Banque mondiale : comment fonctionneraient-elles alors ? Les ambitions climatiques seraient-elles aussi peu contraignantes ? Comment les fonctions quotidiennes de ces organisations seraient-elles réaffectées pour faire face au changement climatique ? Autrement dit, ces institutions fonctionneraient très différemment si la lutte contre le changement climatique devenait une de leurs tâches principales.

C'est pourquoi j'appelle à insuffler une nouvelle vie au multilatéralisme et à créer une nouvelle organisation supranationale ayant pour seul objectif de lutter contre la crise climatique sur la base des conventions de l'ONU sur le climat déjà existantes (CCNUCC : Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques). Des compétences effectives et contraignantes devraient être transférées à cette organisation afin de lui permettre de coordonner la lutte mondiale contre le changement climatique et la perte de biodiversité.

Une telle organisation devrait se concilier avec les souverainetés nationales, ce qui est loin d’être vident. En tant que citoyens, nous pouvons néanmoins déjà faire un premier pas dans ce sens, en nous mobilisant pour qu’une telle organisation advienne, et en discutant publiquement de ses modalités. Ensemble, nous devons nous convaincre mutuellement, convaincre les politiciens, et l'ordre international établi de prendre une telle mesure afin de résoudre LE problème du 21e siècle.

Cet article est publié sur L'Echo.be le 28/10/2022