L’IA, un allié pour une éducation plus équitable.
Bien que les craintes de l'impact de l'IA sur le système éducatif soient compréhensibles, il est primordial de considérer les opportunités qu'elle offre. En effet, l'IA peut briser les barrières de l'inégalité et améliorer notre système éducatif. Une stratégie claire pour son intégration est donc nécessaire.
La découverte de l’IA générative par le grand public fin 2022 semble avoir ouvert une boîte de Pandore dans le monde de l’éducation, où la tricherie est devenue la norme et où le sentiment d’impuissance règne chez les enseignants. Les médias regorgent d’histoires effrayantes de professeurs découvrant que plus de la moitié de leurs élèves ont utilisés ChatGPT pour la rédaction d’un devoir ou encore de la réussite par cette même IA d’examens d’entrées de prestigieuses universités.
Plutôt que de céder à la panique, nous devrions explorer la possibilité que cette boîte puisse également contenir l'espoir d'une éducation plus équitable. Car si l’IA peut certainement perturber l’éducation, c’est avant tout comme un allié nous permettant de surmonter l’un de nos plus gros défis: la lutte contre l’échec scolaire et la réduction des inégalités qui en découlent.
En effet, l’enseignement belge francophone souffre d’un taux de redoublement record dans l’OCDE et est l’un des système scolaires les plus inégalitaires. L’une des mesures phares du Pacte d’Excellence veillant à lutter contre ces maux va faire son entrée lors de la rentrée 2023: le dossier d’accompagnement de l’élève (ou DAccE).
Ce dossier a pour but de permettre un accompagnement plus personnalisé des élèves ayant des difficultés, et de déceler celles-ci de manière préventive. Il gardera une trace des soutiens reçus et des difficultés persistantes. Il contiendra donc un ensemble de données pertinentes sur le parcours de l’élève et de sa situation. Ceci permettra à l’équipe éducative de donner un soutien plus adapté à cet élève.
Malheureusement, assurer à chaque enfant un suivi personnalisé est chronophage et la situation budgétaire délicate de la FWB impose des arbitrages. Les élèves avec des besoins différents ne reçoivent donc pas toujours l'attention nécessaire pour réussir.
Or, prendre en compte une grande quantité de données pour fournir la réponse la plus adaptée possible est l’un des cas d’utilisations les plus pertinent de l’IA. En collaboration avec leur professeur, nos élèves pourraient bénéficier d'un accompagnement personnalisé grâce à un professeur virtuel, une IA qui tiendrait compte de leur parcours pour offrir un suivi optimal avant et après les cours.
Cet assistant virtuel pourrait décider dès le début de l’année que, un élève ayant des difficultés persistantes en math, des exercices supplémentaires lui soit assigné dès avant même les premières évaluations, plutôt que dans une matière dans laquelle il a excellé. De plus, en utilisant le profil psychométrique de l'apprenant, l'assistant pourrait proposer un parcours d'apprentissage personnalisé en fonction de ce qui a fonctionné dans le passé. Les difficultés d'apprentissage particulières de l'élève pourraient également être prises en compte dans les types d'exercices proposés.
Il est cependant crucial de préciser que l'IA ne peut pas remplacer les enseignants, qui restent des acteurs indispensables du système éducatif en raison de leur expérience et de leur passion que la technologie ne pourra jamais remplacer. Dans le cas de l'utilisation de l'IA, la collaboration homme-machine est souvent la meilleure façon d'obtenir des résultats optimaux.
Cependant, l'utilisation de l'IA dans l'éducation soulève également des questions éthiques et de confidentialité Il est primordial de protéger les données personnelles des élèves, ainsi que de garantir leur droit à l'oubli et celui de bénéficier d’un regard neuf. De plus, les algorithmes doivent être transparents et équitables, et les enseignants doivent être en mesure de comprendre comment et pourquoi la machine a pris certaines décisions et ce afin d’éviter toute discrimination.
Bien que différentes instances internationales comme l’UNESCO recommandent aux états de se doter d’une stratégie claire sur comment intégrer l’IA dans l’éducation, il est regrettable de constater que le plan national sur l’IA ne fait pas mention de cette opportunité.
Il est maintenant temps de se doter d'une stratégie claire sur l'intégration de l'IA dans l'éducation. Nous avons la possibilité de créer un système éducatif plus équitable et plus inclusif pour tous les élèves, saisissons-la.
