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Les pères au berceau - un investissement dans l'avenir

La naissance de votre enfant est le moment le plus poignant dans la vie d'un jeune père. Après neuf mois d'attente pleine d'anticipation, un petit être humain est soudainement venu au monde, qui vous appellera désormais 'papa'. Cela m'est arrivé il y a deux ans, et je peux affirmer avec conviction que l'arrivée de mon nouveau-né a été sans aucun doute le moment le plus magique de ma vie.

Cependant, il y a aussi un revers de la médaille : vingt jours seulement. C'est le temps dont dispose un père en Belgique aujourd'hui pour s'adapter à l'événement le plus important de sa vie. De plus en plus de recherches montrent cependant à quel point le congé de paternité est important, non seulement pour le père et l'enfant, mais aussi pour la mère. En effet, les jeunes pères ont besoin de temps pour développer leurs compétences en matière de soins. Si on ne leur accorde pas ce temps, ce sont principalement les mères qui renforcent les habitudes de soins, ce qui renforce la spécialisation des rôles traditionnels. Selon des recherches récentes, un père qui passe beaucoup de temps au berceau contribue à renforcer la relation entre le père et l'enfant, ainsi qu'à renforcer le lien entre les partenaires. Une étude de McKinsey & Company a également montré que le revenu des mères augmentait d'environ 7 % pour chaque mois qu'un père passait à la maison pendant le congé de paternité. Cela compte comme moyen de lutter contre l'inégalité entre les sexes.

Alors que la Belgique n'a récemment accordé que cinq jours de congé de paternité aux jeunes pères en 2023 (auparavant, cela se limitait à seulement 15 jours), la Finlande avait annoncé trois ans plus tôt que le père et la mère pouvaient prendre le même nombre de jours : 164. La Suède est en tête en Europe avec 480 jours pour les deux parents, dont un minimum de 90 jours est réservé à chaque parent. En Allemagne, un couple peut répartir 14 mois entre l'homme et la femme. N'est-il pas absurde que la Belgique ait ajouté seulement quelques jours de congé de paternité au cours des dernières années, alors que les pères dans d'autres pays sont récompensés depuis des années avec des mois de congé ?

De plus, la politique devrait s'efforcer activement d'encourager les pères à réellement prendre leur congé de paternité. Alors que les pères scandinaves considèrent souvent cela comme une évidence, de nombreux pères belges hésitent de peur de l'impact sur leur carrière. En plus de permettre le congé de paternité, il est donc nécessaire d'opérer un changement culturel pour encourager les pères à le prendre effectivement.

Contrairement à ce que prétendent certains politiciens déconnectés du monde, s'occuper des enfants (c'est-à-dire du travail non rémunéré) est bel et bien une forme de travail. Cela peut ne pas contribuer au produit intérieur brut à court terme, mais c'est le cas à long terme : les enfants de pères qui ont bénéficié d'un congé de paternité prolongé sont généralement plus intelligents et donc performants sur le marché du travail. Les pères et les mères sont également généralement plus productifs lorsqu'ils retournent au travail. Dans un pays comme la Belgique, où l'économie de la connaissance est essentielle, il est crucial de s'engager dans cette voie. Le congé de paternité est un investissement de l'État dans des travailleurs plus productifs, des enfants plus heureux et plus intelligents.

Bien sûr, la question de qui supportera tous ces coûts se pose. Mais n'est-il pas normal de récompenser le travailleur belge acharné, dont l'impôt sur le revenu est l'un des plus élevés d'Europe, en lui offrant une courte pause pour qu'il puisse apprendre à connaître son enfant? Nous pourrions, par exemple, cesser de subventionner l'industrie des combustibles fossiles et consacrer les milliards ainsi économisés à l'avenir de notre pays, à savoir nos enfants. Avec une fraction des avantages fiscaux actuels accordés aux combustibles fossiles, nous pourrions nous permettre un modèle de congé de paternité à la scandinave. On attend d'un gouvernement qu'il choisisse l'avenir, pas le passé.

Le gouvernement belge a un rôle important à jouer pour choyer les nouveaux citoyens, l'avenir du pays. Il n'est pas juste de renvoyer rapidement les pères et les mères au travail uniquement parce que cela semble économiquement avantageux à court terme. Au lieu de cela, nous devrions faire ce qui est le mieux pour les enfants et, plus largement, pour les deux parents. Un congé de paternité prolongé, un investissement public pour l'avenir, serait certainement un premier excellent pas pour permettre à nos enfants de grandir en toute sérénité. Et cela conduirait également à des pères et des mères plus productifs, plus sains et plus heureux. Cela me motiverait certainement à faire découvrir le monde à un deuxième enfant.