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La force tranquille de ce scrutin local

L'année électorale 2024 nous tient en haleine: après les élections régionales, fédérales et européennes d'il y a quelques semaines, il sera à nouveau temps de se rendre dans l'isoloir le 13 octobre pour les élections communales et provinciales. À bien des égards, ces scrutins méritent au moins autant d’attention.

En raison des victoires du MR en Wallonie et à Bruxelles et de la N-VA en Flandre, le succès des partis antisystème le 9 juin est passé quelque peu inaperçu. À tous les niveaux de pouvoir, ces partis ont réussi à défier les partis traditionnels et, parfois, à l’emporter sur eux. Une grande partie de l'électorat s'est détournée de la politique centriste établie, qui, aux yeux de beaucoup, ne parvient pas à résoudre leurs problèmes.

Ce qui frappe de nos jours, c'est le degré d'aliénation ressenti par les citoyens envers les partis politiques et le processus décisionnel. Étude après étude, le manque de confiance envers nos institutions politiques est mis en évidence. Il n'est donc pas surprenant que les extrêmes aient le vent en poupe.

La fracture entre les citoyens et la politique est un sujet récurrent en sciences politiques. La distance entre le monde politique et la société existe depuis l’avènement de la démocratie. Ce qui frappe de nos jours, c'est le degré d'aliénation ressenti par les citoyens envers les partis politiques et le processus décisionnel.

Et c'est là que le bât blesse. La stabilité des systèmes politiques est fortement liée à leur légitimité, c'est-à-dire à la mesure dans laquelle les citoyens se sentent représentés par leurs dirigeants. Les citoyens sont mieux informés que leurs parents, grâce à internet et aux réseaux sociaux, et ils sont devenus plus exigeants envers leurs représentants.

Le charme discret de la politique locale
Selon les études, la confiance en la politique reste toutefois plus solide au niveau local. Les citoyens donnent plus de foi au conseiller communal qu'au parlementaire. Par leur proximité et leur familiarité, les politiciens locaux jouent un rôle crucial dans la vie quotidienne des citoyens et sont souvent leur premier point de contact. Les villes et communes sont capables de fournir des solutions sur mesure pour résoudre des problèmes locaux spécifiques tels que la sécurité, le logement et l'environnement.

Les événements récents ont montré que les administrations locales peuvent jouer un rôle clé dans les défis mondiaux.
Le malaise social va cependant au-delà de ces préoccupations locales. Les sujets de fonds nationaux et internationaux, comme la migration, la démographie, la désindustrialisation et le climat, influencent profondément notre monde, mais sont souvent associés aux échelons nationaux ou internationaux.

Les événements récents ont toutefois montré que les administrations locales peuvent jouer un rôle clé dans ces défis mondiaux. Lors de la crise du covid, les localités ont mis en place des campagnes de vaccination rapides et efficaces, en contraste frappant avec les autorités centrales parfois hésitantes. De même, dans le sillage de l'invasion russe de l'Ukraine, les villes et communes ont su organiser en peu de temps des centres d'accueil d’urgence pour les nombreux réfugiés de guerre.

Les finances communales résilientes face aux crises à répétition
Ce constat se reflète également dans la formation des listes électorales. Le niveau local offre une scène attrayante pour les politiciens nationaux, qui, en nombre croissant, échangent leur mandat parlementaire ou ministériel contre des responsabilités communales. Là, ils trouvent la possibilité d'avoir un impact plus direct et tangible.

Cela contraste avec la politique nationale, souvent laborieuse et conflictuelle, et étouffée par la particratie. Le fait que les listes communales se présentent de plus en plus souvent sous un nom d’intérêt local, indépendant du parti national, reflète une dynamique locale croissante qui veut s’inscrire en marge de la paralysie de la Rue de la Loi.

Vers une conférence nationale des bourgmestres?
L’idée de créer une Conférence nationale des bourgmestres au sein du parlement fédéral est malheureusement restée lettre morte. La politique locale se trouve dans une position unique pour regagner la confiance dans nos institutions en offrant des solutions aux problèmes qui tiennent le plus à cœur des citoyens. Et cela ne concerne pas seulement les questions de politique locale. Le gouvernement Vivaldi a reconnu, par exemple, l’impact potentiellement positif de l'implication des politiciens locaux dans la politique nationale. L’exécutif a ainsi émis l’idée de créer une Conférence nationale des bourgmestres au sein du parlement fédéral.

Malheureusement, cette proposition, comme beaucoup d’autres plans de renouvellement politique, est restée lettre morte. Pourtant, elle avait de solides arguments en sa faveur, notamment parce qu'elle aurait pu servir de pont entre les différentes couches administratives de notre pays. Une occasion manquée, assurément.

L'importance de l’enjeu électoral du 13 octobre ne peut être sous-estimée. Le choix des représentants locaux dépasse les limites des communes. À une époque où les problèmes mondiaux ont de plus en plus de répercussions locales, savoir qui dirige nos communes et nos hôtels de ville devient une question de plus en plus cruciale.