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La Belgique peut profiter de la transition énergétique en Afrique

La Belgique peut profiter de la transition énergétique en Afrique

En Europe, la transition énergétique est plus que jamais au centre des préoccupations. Mais pour véritablement répondre aux enjeux climatiques, cette transition sera surtout nécessaire dans les régions en pleine croissance, comme l'Afrique. Ce continent enregistre une telle courbe de croissance que son avenir énergétique va aussi impacter le monde. Les énergies renouvelables ne sont pas uniquement un atout pour la décarbonisation, mais aussi pour le développement. Les choix opérés aujourd'hui par les pays africains en matière d'énergie revêtent une grande importance pour l'économie mondiale, le secteur énergétique et notre climat. La Belgique a intérêt à en tenir compte.

L’Afrique affiche une impressionnante courbe de croissance. D'ici 2050, on recensera 2,5 milliards d'Africains, soit un quart de la population mondiale totale. La majorité aura moins de 25 ans et vivra dans des mégapoles. Plus l'Afrique se développera et s'urbanisera, plus les revenus augmenteront et, par conséquent, la demande en énergie. En même temps, 597 millions de personnes vivent toujours en Afrique subsaharienne sans accès à l'énergie. Les autorités africaines veulent éradiquer la pauvreté et créer des emplois. Les choix énergétiques jouent ici un rôle primordial : toute économie s'appuie en effet sur un système énergétique qui se construit sur plusieurs décennies. Les décisions que les pays africains prennent aujourd'hui à ce sujet sont donc importantes pour notre avenir à tous.

L'Afrique doit miser sur un système énergétique durable basé sur ses propres énergies renouvelables. La transition énergétique permettrait de contribuer à son développement économique, tout en diminuant les effets néfastes du réchauffement climatique, à laquelle elle est particulièrement exposée.

Le potentiel de l'Afrique en énergies renouvelables est important, mais sous-exploité. L'ensemble de l'Afrique subsaharienne comporte environ 5 gigawatts de panneaux photovoltaïques, soit autant que les Pays-Bas. Le continent possède également une énorme réserve de minéraux dont la demande ne fera qu'augmenter au fur et à mesure de l'électrification mondiale. L'infrastructure électrique existante est médiocre dans de nombreux pays et requiert de nouveaux investissements urgents, avec d'importantes possibilités en matière d'énergie solaire et éolienne, ainsi que d'autres technologies de croissance durable comme l'énergie hydrogène. Avec des investissements adéquats - environ 120 milliards USD par an jusqu'en 2040 d'après l'Agence internationale de l'énergie (AIE) - l'Afrique pourrait répondre durablement à sa demande croissante en énergie.

La Belgique ferait bien d'afficher un leadership international sur cette question. La ministre de l'Énergie, Tinne Van der Straeten, a récemment exposé au sommet de l'AIE à Paris l'ambition qu'a la Belgique de contribuer à la transition énergétique de l'Afrique dans une perspective de bénéfices mutuels. Lors du sommet sur le climat qui aura lieu cet automne en Égypte, la Belgique devra continuer dans cette voie.

Notre pays a déjà démontré son engagement en faveur de l'hydrogène vert en Afrique. Les technologies en matière d'énergies renouvelables doivent constituer une des priorités de notre politique commerciale avec les pays africains.

Il est surtout nécessaire de faciliter les investissements en énergies renouvelables en Afrique. Ceux-ci sont parfois jusqu'à 7 fois plus chers qu'en Europe, en raison des risques élevés liés au capital. Le soutien au développement et les organismes financiers multilatéraux peuvent aider à les réduire.

La Belgique peut aussi participer à la transition énergétique de l'Afrique à travers, notamment, ses divers mandats dans des banques de développement, une collaboration accrue avec des institutions internationales spécialisées, un leadership thématique à travers le nouveau Centre d'excellence belge sur le climat et l'ajout d'un volet international à sa stratégie énergétique.

Pour être un partenaire énergétique à part entière en Afrique, il importe surtout que ces stratégies soient envisagées à la fois avec ambition et réalisme. Une telle politique serait susceptible de générer des bénéfices à la fois pour l'Afrique et pour notre transition énergétique nationale.

Cet article est publié sur L'Echo.be le 8/4/2022