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COP28: vers un langage commun pour la transition énergétique

Du 30 novembre au 12 décembre, environ 100 000 délégués se sont réunis lors de la COP28 à Dubaï. C’est la plus grande réunion climatique à ce jour, s'étendant sur un espace aussi vaste que Central Park à New York. Comme à l'accoutumée, cette COP a suscité de nombreuses observations critiques, à commencer par le fait que nous ne sommes pas sur la bonne voie pour atteindre nos objectifs climatiques. On a également relevé que les discussions de cette année étaient présidées par le PDG de l'ADNOC - la compagnie pétrolière nationale des Émirats arabes unis - et qu'il est toujours difficile de parvenir à un consensus. Bien que les opinions aient une fois de plus divergé, quelques progrès ont été réalisés, qui vont dans le sens de l’élaboration d’un langage commun pour opérer la transition énergétique.

Le progrès le plus remarquable a été réalisé dans le domaine de l'énergie. Ce secteur est responsable de 75 % des émissions mondiales. Le texte final de la COP28 mentionne, pour la première fois en 28 ans de négociations climatiques, la transition à opérer pour se détourner des combustibles fossiles. Historique, mais insuffisant pour certains, qui arguent à juste titre que la réduction des combustibles fossiles ne se produit pas assez rapidement pour atteindre l'objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré Celsius par rapport aux niveaux préindustriels, tel qu'énoncé dans l'Accord de Paris.

Mais on peut aussi y voir une percée. La nature consensuelle des négociations de la COP rend en effet la conclusion d'un accord difficile, ce qui rend même les petits progrès significatifs. La complexité de l'économie énergétique mondiale, où 85 % de l'énergie provient encore des combustibles fossiles, avec une forte demande des pays en développement et en croissance, souligne l'importance de cette étape vers l'alignement entre 198 pays. Elle offre aussi un vocabulaire partagé pour affronter l'avenir.

En même temps, 130 pays se sont engagé lors de la COP28 à tripler les énergies renouvelables et à doubler l'efficacité énergétique d'ici 2030. Les énergies renouvelables, en particulier l'énergie solaire et éolienne, ont récemment connu une croissance sans précédent. Les investissements dans le secteur sont depuis plusieurs années plus élevés que ceux dans l'infrastructure des combustibles fossiles. En 2022, 83 % des nouvelles centrales électriques dans le monde provenaient de sources d'énergie renouvelable. Les ajouts annuels de capacité ont plus que doublé entre 2015 et 2022, avec une augmentation annuelle d'environ 11 %.

C'est précisément en raison de cette tendance que, selon l'Agence internationale de l'énergie, le triplement des sources d’énergie renouvelable d'ici 2030 est un objectif ambitieux mais réalisable. C’est aussi une des mesures les plus efficaces pour décarboniser.

Le langage sur les sources d'énergie renouvelable qu’on a élaboré lors de la COP28 était impensable il y a quelques années. C’est là un puissant signal politique qui encourage une plus grande coordination entre l'économie, l'industrie, et la politique. La question n'est plus de savoir s'il y aura une transition, mais à quelle vitesse, à quelle échelle mondiale, et à quel point elle sera approfondie.

L'élan en faveur de l'énergie propre après les négociations de la COP est palpable. Les récentes crises ont entraîné des initiatives politiques telles que l'Inflationary Reduction Act aux États-Unis et le Pacte vert européen en Europe, ainsi que de nouvelles stratégies nationales dans des pays influents tels que la Chine et l'Inde. Bien que cet élan soit prometteur, la prochaine phase nécessite une préparation minutieuse en matière d'infrastructure, de politique et de réglementation, d'investissements, et de financement à l'échelle mondiale.

La promesse de tripler les sources d'énergie renouvelable lors de la COP28 représente un changement de paradigme dans la transition énergétique. L'action et la surveillance doivent être les prochaines étapes essentielles pour concrétiser cette promesse. Pour mettre en œuvre ces objectifs ambitieux, des permis simplifiés, des chaînes d'approvisionnement renforcées, des réseaux étendus et un financement libéré, en particulier dans les régions en croissance du monde, sont nécessaires. La COP28 offre un langage commun pour porter cette dynamique au niveau suivant.