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Réprimer les chauffards, mais aussi les démons du bruit

Depuis cinq ans, je vis dans le quartier Houba-Sobieski à Laeken, juste à côté du plateau du Heysel. Auparavant, j'habitais en plein centre de Bruxelles, que j'ai fui principalement en raison du trafic intense et bruyant. Mon quartier est à cet égard une véritable bouffée d'air frais. Le parc de Laeken, le Jardin colonial, et le joyau caché, les Jardins du fleuriste, se trouvent tous à deux pas de chez moi, de magnifiques oasis urbaines où l'on peut se ressourcer.

De plus, une limite de vitesse de 30 km/h est en vigueur et un plan de circulation a été mis en place pour réduire autant que possible la présence de voitures dans le quartier. L'ambiance y est généralement calme et sûre.

Avec l'accent sur "généralement".
Dès que les premières températures estivales atteignent notre pays, notre petit paradis de quartier est envahi par des démons du bruit: soudainement, il y a une multitude de motos et de voitures tape-à-l'œil transformant l'excès de testostérone en un vacarme assourdissant, souvent jusque tard dans la nuit. La seule fois où j'ai fait un geste de reproche à un démon du bruit pour qu'il fasse moins de tapage, en tenant mon fils effrayé dans mes bras, j'ai eu droit à un doigt d'honneur en retour.

Bien qu'il existe des limites sonores légales pour les véhicules motorisés, il y a beaucoup trop peu de mesures de répression efficaces. Si nous sommes si stricts envers les fous du volant, pourquoi sommes-nous si laxistes contre les démons du bruit?

Radars sonores
Le phénomène des démons du bruit est bien sûr un problème auquel les villes de toute l'Europe sont confrontées. Plusieurs villes européennes en ont d'ailleurs fait un enjeu ces dernières années.

Dès l'été 2020, Rotterdam a mené une étude sur les nuisances sonores du trafic en réponse aux nombreuses plaintes des résidents concernant des comportements de conduite antisociaux, tels que les accélérations rapides, les excès de régime et les pots d'échappement bruyants. Cette étude a révélé que le bruit dépassait 16.000 fois les 80 décibels, soit 10 décibels au-dessus de la limite.

En raison de ces résultats préoccupants, Rotterdam a décidé de renforcer sa politique de répression. Cela inclut notamment l'utilisation de radars sonores où des caméras acoustiques sont couplées à la reconnaissance des plaques d'immatriculation pour infliger des amendes aux démons du bruit.

Un détail piquant de l'étude de Rotterdam est que les 16.000 dépassements de bruit enregistrés étaient presque entièrement attribués à seulement une centaine de conducteurs récalcitrants. Il devrait donc être relativement facile d'identifier ces quelques éléments perturbateurs en utilisant un certain nombre de radars sonores positionnés stratégiquement. En d'autres termes, nous n'avons pas besoin de tomber dans un État policier pour traiter ce problème de manière décisive.

Réviser notre code de la route
Aujourd'hui, notre code de la route ne permet pas de constater les infractions sonores à l'aide de radars sonores. Ces radars sonores sont également utilisés à Paris, où un projet pilote a été lancé en 2022 pour peaufiner la technologie, une condition cruciale pour pouvoir imposer des amendes. Cela devrait également être le cas cette année en France.

Conclusion
Voulons-nous rendre nos villes attrayantes pour y vivre? Il est alors fondamental d'accorder une attention suffisante à la problématique du bruit urbain. Les villes belges doivent donc développer une politique de répression sonore décisive incluant notamment l'utilisation de radars sonores. Les décideurs fédéraux doivent en même temps créer le cadre légal permettant d'imposer des amendes via des radars sonores automatiques.